Quand la nature fait simple et reproduit ses formes

Le monde du vivant est fractal et reproduit ses formes. Souhaitant économiser son énergie, il nous montre ainsi qu'on aurait tort de ne pas reproduire ce qui marche. La preuve en images.

· Concepts taoïstes,Développement perso

Par Laurent Chateau

Les neuroscientifiques ont récemment démontré que l'origine des biais cognitifs provenait du fonctionnement frugal du cerveau qui cherchait à économiser son énergie et à simplifier le traitement de l'information. Carl Jung en son temps s'en amusait en déclarant quelque chose comme : "Les Hommes ont inventé le jugement pour éviter l'effort de la pensée".

Fins observateurs du vivant, les taoïstes ont depuis longtemps remarqué que la nature s'économisait en reproduisant des formes simples, des maillons élémentaires d'occupation du plan et de l'espace. Dans un souci d’économie et de frugalité, la vie reproduit les mêmes formes-sources (schèmes) à des échelles différentes.

Chacune de ces formes à sa manière, met en évidence le principe de la fractalité du monde et renvoie au célèbre principe alchimique selon lequel "ce qui est en haut est à l'image de ce qui est en bas".

Les quelques exemples illustratifs ci-dessous reprennent les principales formes portées par chacune des 5 énergies taoïstes dans la nature et cherchent à démontrer par l'image cette fractalité mathématique du monde. Bonne découverte.

Les formes du Bois

Véritables "veines" végétales et du vivant, l'énergie du Bois aime les lianes et les formes allongées, linéaires et réticulaires, les réseaux et les nervures. Elle représente une énergie d'expansion et de croissance, la manifestation tous azimuts de la vie qui trouvera toujours un chemin pour exister.

C’est ainsi qu'on retrouve la xyloforme réticulaire du Bois dans les réseaux neuronaux du cerveau, dans les alvéoles pulmonaires, les branches ou les racines d’un arbre, la ramification d’une rivière ou la trajectoire d'un éclair.

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Les Formes du Feu

Dans sa recherche d'élévation, l'énergie du Feu aime à reproduire les formes triangulaires et pointues, de celles qui aident à monter, qui appellent à la légèreté et à l'ascendance. On retrouve cette "pyri-forme" par exemple dans le mouvement du feu lui-même, dans la géométrie triangulaire des montagnes, des sapins ou de de certains coquillages coniques

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Les formes de la Terre

Les formes de l'énergie de la Terre appellent à l'équilibre et à la stabilité, à la base solide de ce qui tient et qui soutient. La géométrie du carré s'impose alors d'elle-même et se retrouve dans certains minéraux comme la pyrite, le sel gemme ou certains diamants mais également chez certaines méduses ou pastèque cultivées au Japon. Dans une certaine mesure, l'hexagone du nid d'abeille traduit cette même solidité et renvoie à l'équilibre de la Terre.

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Les formes du Métal

Dans son aspiration à la perfection, au nettoyage de l'accessoire et au recentrage, le Métal de son côté aime les cercles et les sphères. Forme pure et sans défaut par excellence, il renvoie à une forme idéale voire idéalisée et souvent inaccessible que goûte le Métal. La nature de son côté reproduit souvent cette forme pure sans haut ni bas, sans gauche ni droite et sans hiérarchie, à l'image de la Table ronde des chevaliers du Roi Arthur. Parmi de nombreux exemple, on retrouve cette circularité dépouillée et épurée dans les cœurs d'artichauts, les gouttes d'eau en chute libre, les troncs d'arbre en coupe, les cœurs de nombreuses fleurs, les yeux, certaines toiles d'araignées, de nombreuses cellules, bactéries ou virus, les atolls coraliens et les volcans, les cénotes, les ondes, les planètes ou les étoiles.

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Dans sa construction du vivant, la nature s'amuse également à superposer ou combiner certaines formes élémentaires comme ici dans le cas de la peau d'un ananas ou des écailles d'un poisson, en alignant leurs cercles successifs :

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Les formes de l'Eau

L'Eau enfin aime circuler et onduler, revenir à l'essence, à la profondeur et à l'origine. Cette force du retour s'exprime surtout par la spirale, sorte de cercle en mouvement que l'on retrouve partout dans le Vivant : dans le mouvement des vagues ou le vortex d'un lavabo qui se vide, les vrilles des plantes grimpantes, dans le déploiement d'une jeune fougère ou d'une boule de neige, dans la structure géométrique des pommes de pin, dans les coquillages (ammonites, nautiles) ou les coquilles d'escargot, dans l'implantation capillaire des cuirs chevelus, dans la forme des cornes de certains cervidés, à l'intérieur des artères pour faciliter la circulation du sang ou dans la double hélice de notre ADN. A plus grande échelle, l'énergie prodigieuse de l'Eau est celle qui aide à mouvoir les ouragans ou les galaxies.

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Et nous ?

Au terme de ce voyage au pays des formes et à hauteur d'épaules, se pose pour chacun d'entre nous plusieurs questions. Sur le plan professionnel, pratique-t-on le benchmarking interne et externe pour éviter de repartir de zéro et économiser l'énergie ? Interroge-t-on une IA générative pour savoir ce qui a été fait par d'autres ou l'état de l'art sur un sujet ?

Sur le plan personnel, a-t-on identifié les formes simples qui fonctionnent et que l'on aurait à reproduire : un sourire, une attitude... ? Pense-t-on à demander à "ceux qui savent" ?

Plus profondément encore, nous posons-nous la question de la forme de notre vie ? Ressentons-nous dans notre corps la manifestation des formes des 5 énergies du vivant ? Sommes-nous capable d'identifier en nous et autour de nous les formes qui nous aident à nous expanser, celles qui nous aident à nous élever, à nous stabiliser, à faire des choix et à nous purifier, celles enfin qui nous permettent d'entrer dans la profondeur de nous-mêmes, des situations, des autres ou de notre environnement ? Parmi les 10 000 êtres, ces formes peuvent être des lieux, des matériaux, des personnes, des musiques, des ambiances, des périodes de la journée ou de l'année, des films, des livres, des intentions, des prières, des méditations, des visualisations, des activités physiques ou sportives, des aliments, des métiers...

Dans le prolongement de ce questionnement d'importance, le disciple taoïste ressent le besoin d'aller plus loin encore et se permet de demander au Sage :

- Maître, qu'y-a-t-il derrière la forme ?

- Le Sans-forme.

- Mais encore Maître ?

- Le Mystère.

- Mais encore Maître ?

- Le Sans-mot.

- Mais encore Maître ?

Le Maître taoïste alors tourne lentement les talons et s'en va "cueillir la rosée". Le disciple pressé et laissé seul, comprend soudainement que son silence constitue la meilleure réponse possible à sa question.

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