Quand l'Islam découvrira son Yin...

· Société

Par Laurent Chateau

2è religion du monde après le christianisme avec 1.8 milliard de fidèles (un quart de la population mondiale), la religion musulmane ne cesse de croître pour des raisons démographiques même si on observe dans le même temps un phénomène croissant d’apostasie (abandon d'une religion au profit d'une autre), en France (15%) comme dans les pays musulmans [1].

Sujet hautement polémique et susceptible de susciter l'ire de la toile et des réseaux sociaux, la religion musulmane est factuellement à l’origine de troubles qui défraient régulièrement la chronique des faits divers (agressions, attentats, insécurité, condamnation à mort, fatwas et intimidations...) ou de la géopolitique, déstabilisant les familles, les quartiers, les peuples ou les régions (conflit palestinien, FIS en Algérie, terrorisme d’Al Quaïda, Boko Haram en Afrique noire, les Talibans en Afghanistan, Daesch et bien d’autres. Son monothéisme inspire la peur à l'image de ce sondage d'Ipsos-Le Monde paru en 2013 qui indiquait que "74% des Français estiment que l'Islam est une religion intolérante et incompatible avec les valeurs de la société française". De manière factuelle, le chercheur d'origine iranienne Farhad Khosrokhavar estime que 20 à 30% des 20 millions de musulmans européens sont radicalisés.

Comme dans tous les compartiments de la vie des hommes, la convocation des principes de la nature et du vivant est un moyen commode pour dépassionner le débat, prendre de la hauteur et poser un diagnostic lucide et objectif permettant d’identifier les pistes de résolution au désordre du monde.

Les références à la Bible sont légion

Il est dans un premier temps important de relever deux incohérences majeures dans le comportement intolérant de l’islamisme radical : le rapport à l’Ancien Testament et le rapport à l’amour.

Celui qui a lu le Coran observe que les références à l'Ancien Testament sont partout. On retrouve dans le Coran ce que l'on trouve dans la Bible : un Dieu colérique au ton comminatoire et souhaitant inspirer la crainte ou la soumission. On y retrouve les mêmes références au paradis ou à l'enfer "Ceux qui ont commis des fautes et des péchés seront les hôtes du feu où ils demeureront éternellement" (Coran, II, 80). Plus intéressant encore, la plupart des prophètes de la religion du Livre sont quasiment tous reconnus. De nombreuses sourates en attestent :

  • Celui qui veut quitter la voie d’Abraham n’est qu’un insensé qui met en péril son âme, la tradition d’Abraham est celle de la vraie voie (II, 130, 135)
  • Nous croyons en Dieu et ce qui a été révélé à Abraham, à Ismaël, à Isaac, à Jacob et aux tribus, ainsi qu’à tout ce qui a été donné à Moïse, à Jésus et aux prophètes. Nous ne distinguons aucun d’entre eux » (II, 136)

En allant plus loin, certains historiens attestent des origines judéo-chrétiennes, judéo-nazaréennes pour être précis [2], de l'Islam.

En bref, la question que cela pose est la suivante : pourquoi faire la guerre à des religions dont on partage les prophètes et valide les textes fondateurs, dont l'origine est semblable ? Pourquoi mépriser l’eau qui est la fille de la même source ? Le fruit méprise-t-il la racine ou la graine dont il provient ? Valable également pour les catholiques et les protestants au XVIè siècle en Europe, pourquoi tuer celui qui me ressemble et partage mes croyances à plus de 90% ? Cela ne tient par la route, cela ne tient pas la Voie dirait un taoïste, si ce n'est pour affirmer un pouvoir bien humain, temporel et terrestre.

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Un Dieu miséricordieux, vraiment ?

Le 2è paradoxe de la religion musulmane est celui du pardon, de la miséricorde et plus largement de l’amour. La bonté est présente dans le Coran. Les sourates en référence au pardon et à la miséricorde divine sont légion mais à la destination exclusive des bons croyants et des pratiquants respectueux de la règle : « Allah est compatissant et miséricordieux » (II, 143 et de nombreux versets). « Il est celui qui pardonne. Il est le miséricordieux » (III,129). « Allah est celui qui pardonne. Il est longanime » (III,155).

Ce faisant, apparaît une incohérence interne d’évidence : comment une entité comme Dieu ou Allah ontologiquement magnanime, bonne, miséricordieuse et « pardonnante », est-elle en capacité et en volonté de maudire et de foudroyer ? L’amour sectaire, parcellaire et communautaire est-il encore de l’amour, qui plus est céleste ? Comme pour le Dieu de la Bible, le paradoxe fragilise la position du dogme. En outre, cette position d’exclusivité voire d’exclusion est un concept humain très éloigné du principe de nature qui veut que la goutte comme le rayon du soleil tombe sur le terrain de son ami comme sur celui de son pire ennemi.

Plus largement enfin, une voie de spiritualité quelle qu'elle soit, ne peut baser ses fondamentaux sur une intolérance et sur le glaive. En matière de croyance, la force s'assimile en outre à un oxymore puisque la croyance est basée sur l’accueil et l’acceptation. On ne peut obliger quiconque de croire. Soit dit en passant et curiosité sémantique, il est troublant d’observer que le socle des religions puisse reposer sur un « Canon ».

L’Islam respecte 4 Principes du vivant sur 18

Au-delà de ces observations de bon sens, pour tenter de valider les principes retenus par une religion quelle qu’elle soit, il est toujours intéressant de convoquer les 18 Principes du vivant qui ont été développés par ailleurs. A la croisée des Principes, il est possible de se faire une idée de la véracité et de la pertinence des croyances et des crédos des Hommes, au regard de ce que la Création divine a pu produire et engendrer en l'absence des Humains. Le tableau ci-dessous tente l’exercice dans le cas de la religion musulmane.

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Cette brève analyse qui peut être largement complétée et enrichie, met en évidence que la fleur de l'Islam ne porte que 4 pétales, le clavier ne joue que 4 notes sur les 18 possibles. On pressent une envie et un besoin d’aller plus loin pour accéder à l’harmonie d’un nouveau monde.

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L’Islam souffre de son excès de Yang

Toujours sur le plan de la nature et en convoquant les 5 énergies du vivant, originaire du chaud et des sables, on observe que la polarité Yang du Coran est partout.

Le Jugement tranchant d’Allah pour les incroyants, les rebelles, les versatiles et les faibles avec la règle (ne pas représenter le prophète, ne pas manger de porc, ne pas blasphémer, ne pas changer de religion, ne pas…) résonne avec le Métal Yang, avec le gong du verdict et du tribunal de Dieu. Le Métal Yang s’exprime par la recherche de la pureté inaccessible du Ciel sur la Terre, par la poursuite d’un idéal qui n’est pas de ce monde. Le Métal de l’Islam est celui de la recherche de la pureté brute voire brutale ; elle peut être celle du sabre et relever de la rigueur impitoyable du chevalier au nom de sa cause et de la loyauté à sa règle. La lame du couteau qui égorge le mouton ou le cimeterre ottoman en portent la symbolique. Le Métal Yang est absolutiste, il recherche sans affect et au nom d'une loi transcendante le dépouillement du superflu, l’hygiène et la pureté du corps, l'éloignement de ce qui corrompt. Les ablutions à l’entrée de la Mosquée symbolisent cette exigence. Lorsque le Métal est en situation de faiblesse, il s’exprimera par l’apitoiement sur soi et la victimisation chronique, symptomatique de la tristesse du Métal.

Le fanatisme exclusif excluant toute autre croyance ou l’interdit d’approfondir ce qui est caché (la réalité historique de Mahomet, l'absence de preuves historiques du lien entre le site de La Mecque et Mahomet, la genèse du primo-Islam et du Coran…) est symptomatique d’un trop-plein (Yang) de l’énergie de l’Eau. Cette volonté de figer le dogme sans plus jamais le faire bouger (la glace) est contraire à la vie et s’appelle « la mort ». L’Eau est assimilée ici à la nuit et à l’hiver, à la grande obscurité, à l’image de la couleur noire (de l’énergétique de l’Eau) que l’on retrouve de plus en plus souvent sur les Burqas des afghanes (parfois bleues qui est également la couleur de l'Eau) ou des saoudiennes, les hidjabs, les abayas, le drapeau de Daesch ou la tenue des Mollahs chiites.

Trop nourri, l’énergie du Bois de son côté pâtit des excès et débordements de l’Eau (qui est sa mère dans la théorie des 5 énergies) et tombe dans l'instabilité émotionnelle et la colère. L’énergie Yang du Bois et de la colère (associée à la vue) est représentée par la couleur verte des peuples de l’Islam et figure sur les drapeaux des pays musulmans et des théocraties.

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Le drapeau de l'Arabie Saoudite (Bois vert et Métal blanc sont réunis)

L’association étroite du temporel et du spirituel et le dirigisme sur-ordonné de la société et du croyant renvoient à un Feu trop flamboyant (Yang) qui brûle celui qui ne se soumet pas et cherche à s’étendre à l’image d’un incendie. Dieu n’aime pas le désordre affirme la Sourate II, 205. L’ordre, la paix et l’unité réclamés par l’énergie du Feu s’affirment par la force. Le rire qui est le son associé à l’énergie du Feu trouve difficilement sa place dans l’Islam, comme d’ailleurs dans la plupart des mouvements religieux rigoristes**

La Terre enfin, est également en situation de trop-plein dans la religion musulmane. Les liens de la Terre pour la Oumma (la communauté musulmane) sont survalorisés, au détriment de tous les autres, témoignant d'un déséquilibre Yang de la Terre puisque le lien et la relation, caractéristique essentielle de l'énergétique "Terre", est rompu avec toutes les autres communautés. La Terre est par ailleurs associée à la saveur sucrée et le sucre sature souvent la nourriture musulmane (loukoums, miel dans les pâtisseries ou les tagines...). La Terre est également associée au chant qui peut pour partie, expliquer que le Coran soit par nature psalmodié. La Terre taoïste est également présente par le chiffre 5 qui renvoie aux 5 piliers de l’Islam (Profession de foi, 5 prières quotidiennes, l’aumône, le jeûne du Ramadan et le pèlerinage à la Mecque) et les musulmans morts sont couchés au contact direct de la Terre sans coffrage ou cercueil. La polygamie enfin (jusqu'à quatre femmes, 5 avec l'homme qui en forme le centre), renvoie au plaisir charnel de la Terre. « Vos femmes sont pour vous comme un champ de labour. Allez donc à vos champs comme vous l’entendez » (II, 223).

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L’Islam doit faire monter son Yin

En synthèse, le diagnostic médical de la religion musulmane actuelle pose que le corps de la Oumma souffre d’un excès énergétique de polarité Yang et que les 5 énergies du vivant se trouvent en situation d’excès et de trop-plein. Selon la médecine taoïste, le moyen le plus efficace et rapide de recouvrer l’équilibre en cas d’excès de Yang, consiste à faire monter le Yin (et non pas d'évacuer le trop-plein de Yang comme en MTC). L‘Islam (et l’équilibre du monde) aurait ainsi tout à gagner à renforcer sa polarité Yin en commençant par l’énergie la plus Yin d’entre toutes : l’Eau.

Cette revalorisation de la « source » suppose d’accepter de « remonter à l’origine » comme disent les taoïstes, d’accepter la critique historique des fondations de la religion musulmane puisque certains chercheurs évoquent par exemple que le prophète Mahomet n’a jamais existé sous sa forme épiphanique et que l’origine de l’Islam serait en fait chrétienne. Ce rapport à la connaissance et au doute est typique de l’énergie de l’Eau. Cette revalorisation du Yin et de l’Eau suppose de faire apparaître la connaissance au grand jour, de laisser travailler de plus en plus d'historiens sur l'origine de l'Islam et d’accepter l’apostasie.

Ce renforcement du Yin suppose également de reconsidérer fondamentalement le rôle de la femme dans l’Islam et d’en faire par exemple le parfait égal de l’homme en droit. Il est plus largement intéressant d’observer que la plupart des religions craignent le Yin de la connaissance et de la femme. Les femmes devraient par ailleurs pouvoir intégrer le clergé musulman lorsqu’il existe (chez les Chiites) et intégrer les cercles théologiques à même de faire évoluer les dogmes.

Au-delà de la montée du Yin de l’Eau, l'excès de Yang de chaque organe/énergie peut également être contrôlé par les vertus des énergies « grand-père ». C’est ainsi que vouloir apaiser la colère du Bois suppose la création de règles plus justes et plus souples de la part du Métal, plus ouvertes sur ce qui n’est pas la Oumma. Vouloir apaiser la directivité du Feu suppose d’accepter de creuser l’histoire de l’Islam et de faire monter le Principe féminin de l’Eau (la réceptivité) au sein de la communauté. Vouloir atténuer l’exclusivité de la Oumma (l’excès de la Terre) suppose la bonté du Bois et l’ouverture du Cœur. Vouloir atténuer l’intransigeance de la loi (l’excès du Métal, la loi du Talion, la Charria) suppose de renforcer le goût de la paix, de l’ordre, de la joie et de l’Unité du Feu. Apaiser le fanatisme guerrier de l’Eau exige enfin que le bon sens et le plaisir de la Terre puisque s’exprimer à plein.

Le salut de l’Islam et de notre humanité repose sur la croissance du Yin que semble porter le symbole musulman du croissant. Le croissant de l’islam porte le Yin de la lune. Cette lune a vocation à grandir et à devenir pleine pour rejoindre le cercle de l’Unité et du Ciel. Le croissant n’est pas une forme achevée, il est un appel de l’Un vers l'Un, une invitation céleste à croître individuellement et collectivement. L'Islam est une religion de l'infini qui n'est pas finie. La convexité du croissant est une bouche, un appel vers la croissance intérieure mais il ne porte pas la puissance universelle du cercle par exemple.

Quelles actions engageraient les 5 maîtres de vérité ?

A ce stade du plaidoyer, il est intéressant de convoquer les 5 enseignants de vérité que sont la nature, les animaux, les enfants, le corps et l’amour. Les réponses qu’apporteraient chacun d’eaux pourraient être, parmi beaucoup d'autres, les suivantes.

Le corps (« Pourquoi redoutes-tu le corps de la femme ? ») :

  • Questionne la relation au voile (liberté ou soumission ?).
  • Fais chanter ensemble les peuples de croyants des différentes religions, de faire connaître la musique sacrée des peuples du sable (Rééquilibrage de la Terre).
  • Organise dans son quartier des repas transconfessionnels où chacun présenterait ses traditions culinaires.
  • Pratique des exercices de visualisations ou de méditation qui ouvrent le Cœur.

L’amour (« Pourquoi cette intolérance vis-à-vis de ce qui est différent de toi ? ») :

  • Fais évoluer la règle pour intégrer davantage ceux qui ne font pas partie de la Oumma (laïcité…), les mœurs (homosexualité) et le statut de la femme.
  • Crée un Comité transconfessionnel mondial.
  • Crée un évènement inter-religieux mondial annuel pour la concorde entre les religions et les mouvements spirituels (à l’image du congrès de Chicago en 1993).
  • Crée au niveau de l’ONU une journée mondiale de l’Amour Universel, de la tolérance religieuse ou une Journée Mondiale de la Paix et de la Prière où toutes les religions et mouvements spirituels seraient amenés à prier pour une cause commune (le monde de demain…) et/ou la paix dans le monde
  • Crée le prix Nobel de la Spiritualité, à connecter peut-être avec le Prix Nobel de la Paix

L’arbre « (« Les rayons du soleil que je reçois ne sont-ils pas les mêmes que ceux que tu reçois ? ») :

  • A l’image d’une forêt, pense à créer des occasions de se parler, d’échanger et de mieux se connaître.
  • Crée des lieux où il serait possible de prier ensemble, de manger ensemble, de faire la fête ensemble, faire des affaires ensemble.

L’enfant (« Pourquoi es-tu si souvent en colère ou si sérieux ? ») :

  • Fais jouer ensemble les enfants de religions différentes pour développer la tolérance mutuelle.

Le chien (« Pourquoi fais-tu mal aux animaux ? ») :

  • Abandonne l’abattage rituel sans étourdissement qui fait souffrir l’animal.
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Le soufisme peut montrer la voie d’un Islam plus Yin

S’il est dit qu’il convient à l’Islam de faire monter son Yin, le Yin est porté dans la religion musulmane par le soufisme, le mouvement ésotérique qui porte le caché (le Yin). Bien que jugé comme une dérive superstitieuse par le salafisme ou le wahhabisme, le soufisme existe au sein de la doctrine chiite autant que sunnite.

Même s'il a pu exister des mouvements soufis intégristes, le soufisme a été le plus souvent dans l'histoire tolérant et victime de persécutions, notamment de la part des courants salafistes et wahhabites. Il a généralement pour but ultime d'ouvrir le « cœur » de l'initié à la vision béatifique, à la connaissance suprarationnelle et unitive du Principe divin. Ceci le différencie des sciences profanes, qui se fondent sur des efforts de pensée. L'être réalisé obtient sa science directement par dévoilement et vision. (…) Le soufisme prône l'existence d'une connaissance cachée et un idéal de non-attachement à l'égo et aux choses de ce monde. (Wikipedia).

Le pratiquant soufi ne cherche pas le divin par la force et la volonté (Yang) mais préfère au contraire se vider (Yin) pour se remplir de lui et le laisser l'enseigner via des pratiques de jeûne, d'ascétisme ou de danses collectives pouvant s'assimiler à la transe.

L’amour tient une place centrale dans l’enseignement soufi. Tôt dans l’histoire de l’islam, les grands mystiques musulmans ont consacré des traités à ce thème. Le plus ancien qui nous soit parvenu est celui de Muhammad Al-Daylamî (mort en 982), ‘Atf al-Alih al-Ma’lûf ‘alâ al-lâm al-ma‘tûf. Mais un certain nombre de bibliographies indiquent qu’il ne fut pas le premier. Les plus illustres ouvrages sur ce sujet sont le Traité de l’amour d’Ibn Arabi et Le Livre de l’amour de Al-Ghazali. Néanmoins, c’est dans le cadre de la poésie que les maîtres soufis célébrèrent le plus profusément l’amour. Toute leur poésie, pourrait-on dire, s'y rapporte, de près ou de loin (Wikipedia). Très présent dans la poésie musulmane et perse notamment (Omar Kayyam…), le vin et l'ivresse renvoient à la félicité et à l’amour divin éternel.

Contrairement à la religion exotérique de l’islam qui l’associe à du « divertissement », le soufisme accorde comme les maîtres du Dao, une importance toute particulière au corps et à la danse. Rumi (Djalâl ad-Dîn Rûmi) au XIIIe siècle par exemple, est le fondateur proche des derviches tourneurs. Tournant dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, il est tentant d’y voir le retour à l’origine et le Ciel antérieur du Canon taoïste.

De grands personnalités françaises se sont converti à l'islam soufi : le philosophe spiritualiste René Guénon, Jacques de Menou de Boussay (Général de la Révolution et de l’Empire), le diplomate Léon Roches, le conseiller de l’empereur Napoléon III, Thomas Urbain sans oublier l’aventurière Isabelle Eberhardt, le peintre Émile Dinet ou le député Philippe Grenier.

La spiritualité est le niveau logique de la société qu'il nous faut appeler

Sur un plan plus sociétal, le désordre des démocraties modernes atteste de leur incapacité à faire vivre ensemble des communautés aux cultures trop différentes. En cas de blocage, la sociologie des organisations convoque souvent "la pyramide de Dilts" qui nous enseigne la nécessité de recourir à des niveaux logiques plus élevés pour retrouver la concorde et l'harmonie.

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Elle nous apprend que vouloir accorder les croyances d'un collectif suppose de travailler sur le plan de l'identité. Plus haut encore, vouloir accorder et réconcilier un pays sur le plan de son identité (ce qui est le cas de nos sociétés conflictuelles et transidentitaires) suppose de recourir au niveau logique du sens supérieur et de la spiritualité. Apex de la pyramide, la spiritualité est le point de fuite et le salut de notre humanité, le point de convergence de nos sociétés belligènes et fatiguées d'avoir à vivre en présence de l'autre*. Nous sommes aujourd'hui à ce kairos, à ce momentum, à ce questionnement de civilisation qui doit nous permettre de nous réconcilier pour éviter de s'anéantir.

Des leaders musulmans soufis comme Khaled Bentounes peuvent creuser le sillon et montrer le chemin, guider la Oumma vers ce qui la fait commune avec l'autre et ce qui n'est pas Elle, vers la grande convergence de l'Un, socle de toutes les grandes religions et spiritualités du monde. Nos temps ont désormais besoin d'une religion des religions, de ce quelque chose qui relie ce qui était supposé relier mais qui a créé paradoxalement des frontières de croyance. Les temps qui viennent plaident pour une supra-religion ou plus précisément une inter-religion qui se placerait dans l'espace qui sépare (ou plutôt qui réunit) les croyances. Cet espace vide entre le plein de toutes les religions est Yin et il s'appelle la spiritualité.

Cet aggiornamento porte sans doute trop d’intérêts terrestres, temporels et politiques pour le voir apparaître à l'échelle d'une vie humaine. Pour autant, il s'adresse aux penseurs, au clergé et aux croyants des temps à venir et porte le message suivant : le Yin peut sauver l’islam et l'Islam peut encore éclairer le monde.

Alors comme disait Soeur Emmanuelle : Yalla !

* J'ai pu traiter de cette question dans cet article : Pourquoi la spiritualité est la prochaine étape de notre évolution d'espèce ?

[1] Peu traité par les médias dominants, cette question est notamment abordée par la thèse de Houssame Bentabet Houssame Bentabet : « De plus en plus de musulmans pourraient quitter l’islam » | Middle East Eye édition française) et de son ouvrage : « Abandon de l’islam, de l’irréligiosité au reniement de la foi chez les musulmans en France publié en 2020 aux éditions L’Harmattan.

[2] Odon Lafontaine : "Le grand secret de l'Islam", 2020. Creative Commons. legrandsecretdelislam.com

Cet auteur s'appuie notamment sur les travaux d'Edouard-Marie Gallez et du Père Antoine Moussali qui évoquent l'origine de l'Islam à partir du mouvement chrétien des Judéo-Nazaréens. Ce mouvement proto-chrétien que les concepteurs de l'Islam se sont efforcé d'effacer de l'histoire, s'est employé à exploiter les Arabes pour reconstruire le Temple de Jérusalem, pour venir "terminer le travail" entrepris par Jésus, favoriser le retour du Messie et éradiquer le Mal sur Terre. Déçues de ne rien voir venir, les tribus arabes menées par les premiers califes Abu Bakr, Omar ibn al-Khattab, Othman Ibn Affan, Ali ibn Abi Talib (+ Muawiya, Abd Al Malik) ont fini par vouloir s'extraire du crédo chrétien et souhaiter progressivement devenir la descendance véritable d'Abraham par le fils ainé Ismaël, recréer le royaume de Dieu partout sur Terre, soumettre le monde à sa Loi pour éradiquer le Mal, se suppléant ainsi au Messie qui n'a pas "daigné" revenir. La montée en puissance de l'Islam a été rendu possible par des empires perses et byzantins affaiblis par les guerres et les conflits internes. Selon les auteurs et preuves à l'appui (numismatique, archéologie, géographie, textes de l'époque...), la réalité historique de la vie de Mahomet comme la ville de La Mecque n'auraient pas de réalité historique, le "Coran céleste" aurait été inventé tardivement pour affirmer la puissance du dogme. Le contenu du Coran (lieux géographiques...) aurait pour origine les textes des judéo-nazaréens (le terme Oumma par exemple, la "Mère", ferait référence aux 12 tribus d'Israël). Il serait le fruit de nombreuses inventions ou interprétations politiquement opportunes pour asseoir le pouvoir politique et religieux des califes successifs, par des modifications directes apportées sur le texte jusqu'au IXe siècle puis par des interprétations sur le texte via les très nombreuses hadiths (entre 1 million et 1,5 million), tellement nombreuses qu'il a été institué de ne conserver que les plus récentes et de faire une sélection selon le pouvoir en place (au travers de la notion de verset abrogeant/abrogé).

[3] On pourra voir ou revoir le film "Le nom de la rose" sur cette question ou lire l'ouvrage éponyme d'Umberto Eco.

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