Par Laurent CHATEAU
« Quand on choisit un nouveau dirigeant,
n’offre pas de l’aider avec tes richesses ou ton expertise.
Offre plutôt de l’instruire au sujet du Tao ».
Lao Tseu (Tao Te King, 62)
Qu’est-ce que le taoïsme ?
D’origine chamanique, le taoïsme est une inspiration du Ciel qui provient du petit matin du monde, de l’époque où les hommes n’avaient que la nature et la voûte céleste comme livres. Lao Tseu, le « vieil enfant », a consigné le premier, au cinquième siècle avant JC, 81 brefs passages compilant l’essentiel de la Voie et de ses vertus, qui sont autant de clés pour restaurer l’équilibre dans le monde horizontal et rejoindre de son vivant l’harmonie absolue de l’origine de l’univers, le Un suprême, le Taï Yi, par-delà le Yi et le Yang. Initiatique et concis mais particulièrement hermétique et polysémique, le « Tao Te King » serait aujourd’hui l’ouvrage le plus traduit dans le monde après la Bible.
Dans les faits, le sage taoïste ne reconnait d’autre enseignement que celui de la nature et du Ciel. Il s’efforce de « retourner à l’origine », signification pure de l’idéogramme de « Tao », qui symbolise un homme cheminant résolument vers la racine des choses, là où tout a commencé. Si l’on suit la voie mystique du Tao, c’est pour mieux ressentir le mystère de la vie à l’intérieur de soi, porte vers la totalité. Au vrai, le taoïsme n’est pas un art de la tête mais une compréhension du corps, il n’est pas une voie des lettres mais un art du ressenti cellulaire et énergétique, une connaissance vibratoire.
Cet enseignement a nourri la médecine chinoise, stimulé l’esprit des lettrés de la Cour impériale à partir des Han et constitué une voie de choix pour les hommes de spiritualité, via ce qu’on a appelé l’alchimie taoïste, combinant des exercices corporels, respiratoires, énergétiques et psychiques. Concurrencé par l’arrivée du bouddhisme, le taoïsme est devenu une religion populaire dans les premiers siècles de notre ère, ce qui n’était pas son intention première puisque les seuls temples reconnus par le taoïste originel concernent son corps, la nature et la voûte céleste.
Le leader taoïste™, leader de lui-même
Le leader taoïste™ installe en premier lieu l’harmonie en lui-même par le canal du corps, la pacification et l’ouverture du Cœur, l’optimisation de ses fonctions psychiques puis parapsychiques.
Travaillant l’harmonie de lui-même, l’harmonie des autres et de son organisation puis l’harmonie du monde, la conscience du leader taoïste™ évolue, se raffine et s’amplifie au fil de la pratique et de son travail de transformation intérieure (Gong), séquentiellement ou simultanément, vers les trois harmonies (soi, l’organisation, le monde) et les neuf capacités ascendantes suivantes : 1) Capacités corporelles (santé, vitalité, bien-être, longévité), 2) Capacités émotionnelles (calme), relationnelles et à aimer, 3) Capacités psychiques puis para-psychiques, 4) Capacités gestionnaires (Terre), 5) Capacités de management, d’organisation et de communication (Homme), 6) Capacité de projection et d’Envision (Ciel), 7) Capacité de penser « planète » et interdépendance, 8) Capacité de penser univers et 9) Capacité de « tout oublier ».
Le leader taoïste™, leader de son organisation
Le leader taoïste™ pense Harmonance et Envision. L’« harmonance » est cette combinaison subtile de l’harmonie et de la performance globale. Elle nous explique que la performance n’est pas un objectif mais la conséquence d’une situation d’harmonie basée sur une vision inspirante et incarnée, basée sur le long terme. En outre, parce que le réel fonctionne sur un principe d’interdépendance, la performance ne peut se concevoir que globalement, toutes parties prenantes incluses, mêmes les plus silencieuses (faune, flore, générations à venir, beauté des paysages…).
L’Envision de son côté signifie « la Vision qui donne envie », la finalité ultime de l’organisation, la réponse au « Pourquoi » et que la loi PACTE a appelé sa « Raison d’être » ou sa « mission ». Plus idéalement, c’est son rêve collectif, le 4è instinct des mammifères conscients que nous sommes après la survie, la reproduction et la grégarité. Pour l‘entreprise japonaise Toto par exemple, c’est la volonté d’installer la propreté autour de soi (sanitaires, nettoyage de la voirie…) pour accéder au propre à l’intérieur de soi et contribuer à l’harmonie de la collectivité.
Le leader taoïste™ pratique le bio-benchmarking. Il pense le temps long, raisonne en tant qu’espèce et quasiment comme si la planète était aux manettes de son entreprise. Pour toutes les décisions qu’il est amené à prendre (organisation, recrutement, plan d’actions…), il se pose la question de savoir comment la nature (faune, flore, beauté des paysages…) et les générations à venir y répondaient à sa place. Pour cette raison, il fait mettre un arbre ou un bonzaï dans la salle de réunion et le consulte au moment du tour de table pour savoir ce qu’il pense de la décision importante qui est sur le point d‘être prise.
Parce qu’il sait que ses biorythmes sont guidés par les millions d’années d’évolution qui pulsent à l’intérieur de ses cellules, il cale au maximum son action économique sur le pouls de l’énergie de la nature. Il lance les projets au printemps, les accélère en été puis les adapte à l’automne. La fin de l’automne et l’hiver sont l’occasion de faire le bilan dans tous les domaines et de préparer le prochain cycle, en modérant les rythmes et en ménageant les acteurs. Il aménage de la même manière, l’ordre du jour de ses réunions ou les modes d’animation en fonction des horaires de la journée.
Le leader véritable connaît et utilise les 18 principes taoïstes. Dans sa relation complice avec la nature et l’univers, il (ou elle) comprend et décrypte le fonctionnement et les lois de la vie, au travers de 18 principes qui ont été détaillés par ailleurs.
Pour chaque décision qu’il a à prendre, à titre personnel (relations de couple, analyse de la société), pour le compte de son organisation (pilotage d’un projet, structuration de l’organisation, optimisation du Marketing-MIX…) ou pour faciliter la lecture de son environnement, le leader taoïste™ peut s’emparer de cette grille d’analyse du réel. Raisonnant par itérations successives, chacun des 18 critères d’aide à la décision s’analyse en propre puis 2 à 2 : mon nouveau produit est-il à la fois beau et simple ? Mon nouveau service est-il naturel et provoque-t-il un plaisir durable (Joie) ? Mon organisation (mes valeurs ou ma culture d’entreprise) est-elle simple et favorise-t-elle la spontanéité ? etc. Les itérations peuvent ainsi se combiner 3 par 3, 4 par 4 etc.
Le leader immortel
Ultimement et conformément aux textes d‘origine, le taoïsme est une voie mystique, un appel du Ciel, l’expression ondulatoire et ressentie dans ses cellules d’une verticalité, d’une métaphysique histologique du vide (WuJi), d‘un retour vers la Conscience pure, là où la « petite conscience » se noie dans « la Grande Conscience ».
Par un travail alchimique long et complexe (NeiDan Gong), le sage taoïste espère retourner de son vivant à cette “origine“ de provenance et de destination, sans attendre le jour de sa mort physique.
Ce processus de transformation intérieure est un travail à la convergence du corps, de l’énergie et de l’esprit qui explique toute l’importance d’accorder un soin particulier à ce que l’on mange, boit ou respire, à ce que l’on regarde ou entend, à nos relations, à notre rapport à la performance et à la nature. A l’image d’un pianiste, le processus alchimique suppose de répéter avec une régularité sans faille, pour intégrer l’information sur le plan cellulaire et corporel et se libérer in fine du corps et de la respiration. Cette libération passe par l’installation préalable d’un grand calme intérieur et par la pacification de ses émotions, par l’ouverture du Cœur ainsi que par la faculté de concentrer sans force et durablement son mental. La joie est présente à tout moment de la pratique, un joie simple, d’intention douce et non d’objectif, une joie de conséquence et non de volonté. Ce travail alchimique permet d’accéder, sans recherche véritable, à certaines aptitudes parapsychiques sur les plans visibles ou invisibles. Il permet de vibrer à l’unisson de l’univers quantique, de ressentir dans l’instant l’ensemble des 18 principes, de comprendre les lois du monde et de tangenter la totalité. Au bout du chemin ? Ce que les taoïstes appellent « l’immortalité céleste ».
Conclusion
Parce qu’il raisonne interdépendance et fractalité avec le monde vivant, parce qu’il est un cosmocentrisme et non pas un anthropocentrisme, le taoïsme est une réponse possible aux maux systémiques de nos sociétés malades, séparées, égocentrées et complexes. Prenant exemple sur le modèle de la nature et de l’univers, les leaders taoïstes™ peuvent devenir les médecins conscients de notre monde désaligné, les auto-thérapeutes à même d’installer l’harmonie sur notre plan de réalité, seul gage raisonnable de la pérennité de notre espè