A l'heure où les menaces qui pèsent sur notre espèce et nos sociétés sont partout, nombreux sont les observateurs qui se mettent en quête de la martingale eschatologique qui permettrait de franchir le saut quantique de notre époque et de passer au "monde d'après".
Les uns après les autres, les gouvernements défilent et les citoyens en ressortent toujours plus déçus par la démonétisation de leur vote. Les démocraties ne cessent de reculer dans le monde et 42 d'entre elles sont ainsi en passe de devenir des autocraties en 2024. Les politiques, quasiment à jeu égal avec les journalistes, sont désormais associés au terme de "dégoût" à plus de 80%. Les fracturations dans le pays France (et ailleurs) ne cessent de se multiplier et la nation tombe en mosaïque de communautés, religieuses, régionales, culturelles, politiques ou géopolitiques, sanitaires, technologiques, etc.
Autrefois vecteurs d'unité, la nation, le drapeau, la devise républicaine, l'histoire, la frontière, la langue et la culture et même la douce et maternelle Marianne ne suffisent plus. Tous ces attributs du passé sont eux-mêmes remis en question et relativisés par ceux qui se sentent de partout sans être de quelque part, l'affrontement irréductible des "elsewhere" contre les "somewhere" comme disaient les britanniques à l'époque du Brexit.
Dans ce paysage chaotique de bruit et de fureur, l'homme de l'harmonie cherche la clé qui permettrait aux humains de se comprendre, de s'entendre et de se voir, mieux encore, de se plaire et de se trouver communs.
En la matière, tout est à revoir et à repenser, dans une direction inexplorée qui reste à trouver sur les 360 degrés du cadran de notre évolution. Les tentatives de valoriser la diversité et l'inclusion s'avèrent généralement maladroites et forcées, ne parlant le plus souvent qu'à ceux qui s'en sentent victimes. Pire, à vouloir forcer l'inclusion, on suscite davantage de séparation encore entre les sexes, entre les communautés sexuelles ou entre les minorités de race ou de croyance religieuse. Vouloir faire entrer par le muscle le carré dans le cercle, ne peut que faire gémir l'engrenage de bois ou de métal. Une inclusion ne peut se faire dans la force (Yang) mais dans l'approbation et l'acceptation (Yin) de l'un par l'autre. Un étranger ne s'"admet" ou ne se "tolère" pas, il s'accueille. Un homme blanc, noir ou technicolor ne "compte" pas comme le suggère #blacklivesmatter mais il se contente d'"être", à l'image de moi-même, avec ses différences culturelles, ethniques ou sexuelles.
La pyramide de Dilts peut aider à y voir plus clair
Outre que l'inclusion ne se décrète pas et qu'elle a besoin de temps, des outils comme la "Pyramide des 6 niveaux logiques" peut cependant accélérer le processus et favoriser la quête de l'Unité. Cet outil a été élaboré par le grand concepteur/adaptateur américain de la Programmation Neuro-Linguistique, Robert Dilts,, à partir notamment des travaux de l'anthropologue Gregory Bateson.
Tout ce petit monde a identifié 6 "niveaux logiques" sous la forme d'une pyramide, qui sont supposés nous aider à comprendre les situations, les comportements ou les motivations d'un individu comme d'un groupe constitué, mais également de faciliter l'identification de pistes de résolution des conflits.
La pyramide se présente de la manière suivante :
Sans rentrer dans le détail de chacun des niveaux, on peut les décrire brièvement de la manière suivante :
L'environnement : C'est le niveau du contexte dans lequel le sujet évolue. Où est le sujet ou le groupe (pays, région, ville, quartier etc.) ? Avec qui se trouve-t-il (description de l'entourage...) ? etc.
Le comportement : C'est le niveau des actions qui sont réalisées ou non. Comment notre sujet ou notre groupe se comporte-t-il ?
Les capacités : C'est le niveau des compétences .Quelles sont les connaissances, les outils que notre sujet ou groupe mobilise ou serait en capacité de mobiliser ?
Les croyances et les valeurs : C'est le niveau des croyances et des valeurs, sur soi, sur les autres ou sur la vie. Ce niveau répond à la question de la motivation, du pourquoi et du "pour quoi", ce en quoi il croit et ce qui le mobilise dans le présent.
L'identité : C'est le niveau qui renvoie à l'identité et à la mission de l'individu ou du groupe. L'identité renvoie à l'histoire, la mission de son côté à l'avenir.
Le sens, le spirituel : C'est le niveau d'appartenance le plus élevé et qui répond à la question : « À quel monde je me sens appartenir ? ». Il renvoie généralement à quelque chose qui dépasse l'individu (transpersonnel) ou le groupe (transidentitaire).
Le principe thérapeutique de la Pyramide pose que vouloir résoudre un conflit ou un problème sur un niveau logique spécifique suppose de se référer au niveau logique qui lui est directement supérieur. C'est ainsi que :
Si on a un problème sur le plan environnemental, il conviendra d'agir au niveau du comportemental pour le traiter et le résoudre. C'est le cas notamment lorsqu'on nous demande de trier nos déchets, de pratiquer l'écoconduite ou d'éteindre nos appareils ménagers plutôt que de les laisser en mode "veille".
Si on a un problème au niveau du comportement, il convient que l'individu (ou le groupe) travaille ses capacités. Je veux bien améliorer la qualité de l'environnement mais il faudrait que je comprenne en quoi le tri des déchets (ou bien de ne pas jeter ses mégots dans la nature ou dans la rue) est important. J'aurais besoin de formations ou de sensibilisation sur la question.
Si on a un problème au niveau des capacités, il est indispensable de travailler sur le plan des croyances et des valeurs. Si je n'ai quasiment plus de points sur mon permis de conduire pour excès de vitesse et que je ne modifie pas mon comportement malgré mes capacités à le faire, c'est bien parce que je considère que c'est mon droit de rouler vite. Il convient ici par exemple de travailler au niveau des valeurs pour convoquer des arguments comme la mort possible de soi, des passagers (qui peuvent être des amis, mes parents ou des frères et sœurs) ou des véhicules qui arrivent en face. Quelle importance le sujet accorde-t-il à la vie ?
Si on a un problème au niveau des croyances et des valeurs, il nous faudra travailler avec le sujet ou le groupe au niveau de l'identité. Que souhaite devenir l'individu ou le groupe ? Que ne voudrait-il pas regretter plus tard ? Ne pas avoir fait ? Ou regretter d'avoir fait ? Où se situe le meilleur de l'individu ou du groupe ?
Si on a un problème au niveau de l'identité, il nous faut alors et enfin recourir au plan du sens et de la spiritualité, de ce qui dépasse chacun, l'individu comme le groupe. Qu'existe-t-il qui pourrait me rapprocher de ce et de ceux qui ne me ressemblent pas ? Qu'est-ce qui me rend commun à ce qui n'est pas moi, dans l'horizontalité des humains ou la verticalité des croyances spirituelles ou religieuses ?
Les défis de nos sociétés relèvent du niveau logique du sens et de la spiritualité
A la lumière de ces quelques exemples, on comprend rapidement que les maux dont souffrent la société ne pourront être résolus par les 5 premiers niveaux. Bien des actions ont en effet été menées par le monde politique, éducatif, économique ou associatif pour tenter de modifier :
- les environnements : l'appui aux quartiers sensibles est en moyenne de 10 milliards par an depuis 40 ans,
- les comportements : les campagnes anti-tabac, contre l'alcool au volant, contre les agressions envers les femmes, en faveur de la laïcité ou de l'environnement sont légion...,
- les capacités : l'éducation est le premier budget de l'état, le secteur associatif et éducatif représenterait 50% des 1.3 millions d'associations en France,
- les croyances et les valeurs : malgré une sombre actualité, Marianne et les valeurs de la République sont de moins en moins audibles, la laïcité est remise en question, le régionalisme monte en puissance avec les poussées indépendantistes de la Nouvelle Calédonie ou de la Corse par exemple,
- L'identité : le fossé se creuse entre les tenants de la charria et du droit civil, entre les habitants des villes et des campagnes, entre les régions et l'état, entre les provax et les antivax, entre les pro et les anti migrations, entre les jusqu'auboutistes écologistes et les modérés, entre les "woke" et les autres, entre les adeptes du mondialisme et les protectionnistes, entre les partisans de la relance par la demande ou par l'offre, entre les transhumanistes dopés à la data et les technophobes....
Avec son environnement idéosyncratique, sa culture, son comportement, ses capacités, ses croyances et des valeurs propres, chacun est aujourd'hui seul sur l'île de son identité. Les fractures s'observent au sein même des familles et au sein des mêmes milieux. On l'a vu lors de la crise pandémique hier, on le voit aujourd'hui avec le conflit israélo-palestinien au Moyen-Orient. Séisme de notre époque, la séparation est partout. Nous vivons sur le fossé qui sépare l'autre de nous-même.
A l'image de continents qui s'éloigneraient toujours davantage les uns des autres, le seul recours consiste à regarder depuis le Ciel, dans le rappel simple que nous faisons tous partie d'une même Terre. Les leviers capables de réunir le peuple des hommes ne sont plus horizontaux car tout (ou presque) a été essayé en la matière. Ils sont désormais de nature verticale et posent la question du sens de notre Humanité dans le temps long. Où notre espèce veut-elle aller ? Quelle direction veut-elle donner à son évolution ?
Si notre espèce a du mal à répondre à cette question abyssale, des acteurs qui ne sont pas des humains à proprement parler pourraient nous y aider. Ce pourrait être un enfant, un animal, un arbre ou même un extra-terrestre surpris par notre médiocre degré de conscience. L'amour enfin aurait sans doute pas mal de choses à nous enseigner. La naturaliste Théodore Monod ne s'y était pas trompé lorsqu'il apostrophait les dirigeants en leur déclarant qu'"on a tout essayé sauf l'amour". Enfants, animaux, arbres, extra-terrestres ahuris ou bien l'amour, quelles idées pourraient nous apporter chacun d'entre eux ? Quand les hommes politiques commenceront-ils à l'intégrer dans leurs programmes et professions de foi* ?
L'humanité apporte à de rares occasions, la preuve de sa capacité à atteindre cet état supérieur de conscience, lors des quelques "parenthèses enchantées" que représentent certains concerts géants ou bien encore les Jeux Olympiques. On en a encore vu un superbe exemple à Paris en 2024. L'esprit de la musique et du sport réunit et verticalise, la diversité laisse temporairement la place à ce qui nous rend commun, les 193 pays recensés par l'ONU ne forment qu'une seule et même Unité sublime. Sur un autre plan, l'appel de l'espace joue ce même rôle aujourd'hui avec la conquête de Mars ou hier en 1969, à l'occasion du premier pas sur la Lune.
C'est ainsi que l'on comprend que le "monde d'après" est un monde vu depuis l'espace. Depuis son point de Lagrange, l'humain du monde d'après regarde le petit point bleu de vie de notre planète, perdu dans un océan de vide. Il respire alors profondément puis agit. Ce petit point de conscience vient nous rappeler la fragilité de ce que nous sommes et le besoin impérieux de retrouver ce qui nous rend semblables.
L'humain de demain vient nous rappeler l'infini qui sommeille en nous et dont parlent toutes les traditions mystiques ou métaphysiques du monde.
Parce que l'univers se trouve en nous et que tout le monde n'a pas les moyens de s'offrir un voyage touristique en apesanteur, parce que la science n'est pas encore prête à adopter pleinement la post-matérialité et à accepter la noétique dans les cercles académiques, il nous reste un outil accessible à tous et gratuit, capable de nous rapprocher du Un dans la multitude. Cet outil est enseigné depuis la nuit des temps et il s'appelle : la méditation alchimique.
Le monde d'après commence par le monde du près, du très près même puisqu'il s'agit de notre monde intérieur.
En résumé, demain commence dedans.
* Des hommes politiques comme René Dumont (fondateur de l'écologie moderne) en France ou Marianne Williamson aux Etats-Unis s'y sont essayés sans grand succès.