Les taoïstes nous le disent depuis au moins 2500 ans, la Nature nous enseigne. J’ai compilé en 2014 dans le livre intitulé « La Tao-entreprise : performance globale et harmonie », 41 bonnes pratiques à retenir en matière de gouvernance, d’organisation et de marketing. Il me semble aujourd’hui devoir compléter ce benchmarking du livre de la vie d’un 42è enseignement : celui du 0 déchet.
L’essayiste Suisse Jean Staune nous le dit : « On entrera dans la modernité du 21è siècle quand on ne produira plus de déchets ». Le génial inventeur belge de la Blue Economy, Gunter Pauli, déclare de son côté que le 19è siècle a été le siècle de l’abolition de l’esclavage, le 20è celui de l’apartheid, le 21è sera (ou devra être) celui de la disparition des déchets.
Enseignante entre tous, la nature elle-même nous apporte quotidiennement de son côté, la preuve que la notion de déchet est une notion relative puisque le résidu d’une espèce devient l’intrant vital d’une autre. La feuille devient l’humus, l’arbre transforme le CO2 en oxygène. Système cyclique et harmonieux, le principe de Lavoisier selon lequel rien ne se perd, rien ne se créé mais tout se transforme trouve ici sa pleine réalité.
A rebours des principes naturels, tant que l’espèce humaine ne saura pas recycler ses déchets, elle restera une toxine pour l’ensemble du monde vivant sur la planète qui l’abrite et compromettra sa propre pérennité. Pour information, le corps humain contient tellement de métaux lourds aujourd’hui qu’il en pollue ses cimetières et ses rivières. Si l’humanité souhaite durer, il convient en urgence de faire passer de manière comptable le déchet du passif à l’actif de nos entreprises et de nos foyers. Il ne s’agit plus ici de simplement « réduire » ses déchets comme on l’entend souvent mais plus radicalement de les annihiler pour les transformer en ressource utile pour l’ensemble de la chaîne de la valeur et de la vie.
Économie circulaire, de multiples initiatives sont engagées aujourd’hui avec des résultats très probants, non seulement sur le plan environnemental mais également économique. Des Coréens ont ainsi réussi à fabriquer des batteries à partir de mégots de cigarettes, des cartons pilés remplacent très avantageusement le paillage des boxes pour chevaux, Adidas fabrique des chaussures à partir des plastiques dérivants dans le Pacifique ou de filets de pêche, une algue multi-usage et très rentable pousse à partir du CO2 de l’atmosphère que l’on génère en excès. Un des exemples les plus célèbres concerne celui du marc de café de la Zimbabwéenne Chido Govero. Alors considéré comme un résidu dont on ne savait que faire, elle a eu l’idée d’en faire du compost naturel pour les plantations, un fourrage de qualité pour les bovins, le moyen de faire pousser 3 fois plus vite de délicieuses pleurotes. D’autres ont utilisé son invention pour élaborer un nouveau matériau bioplastique qui ressemble à du polystyrène, de nouveaux textiles respirants ou des sous-vêtements féminins. Sans compter toutes les applications qui restent encore à découvrir.
Comme le souligne le chercheur Idriss Aberkane*, trouver des débouchés à ses déchets devient aujourd’hui un jeu, un casse-tête amusant. Au centre du jeu, pas simplement la performance économique mais plus fondamentalement la compréhension supérieure et harmonieuse des principes de la vie et le gage de notre survie en tant qu’espèce.
Compte tenu de son importance, je vais intégrer ce 42è principe dans l’outil d’auto-évaluation taoïste de l’organisation, le Bio-audit d'organisation.