Par Laurent CHATEAU
Avec ses grandes oreilles, le Lièvre craintif de 2023 commence à s’éloigner et laissera la place le 10 février prochain à l’animal le plus puissant du bestiaire chinois : le Dragon.
Le Dragon est le seul animal mythique du zodiaque de l’Empire du milieu (Zhong Guo), le seul qui plus est, à vivre dans le Ciel et les nuages.
Après l’animal le plus puissant de la Terre en 2022 (le Tigre) et le relatif répit de 2023, l’année 2024 sera donc placée sous la patte de l'animal le plus puissant du Ciel, de polarité énergétique Yang et sous la polarité « petit Yang » et facétieuse du Bois. Le Dragon comme le Bois sont des facteurs de mouvement. Pour aller droit au but, on pressent instinctivement que l’actualité des 12 prochains mois devrait être vive et ne pas manquer de nous surprendre.
Quelques généralités énergétiques sur le Bois
Le Bois est en effet l’énergie de l’enfance et de la fantaisie, de la spontanéité, de l’imagination qui ne peut pas ne pas créer et ne pas oser. Le Bois est une énergie d'action, de démarrage, l'amorce et l'enfance des choses. Elle appelle à la germination, des idées, des initiatives, des innovations. Le Bois aime que ça bouge, parfois jusqu’à l’excès, l’agitation inépuisable des enfants. A l'image des parents qui vivent avec un enfant hyperactif, créatif et turbulent, 2024 pourrait être à cet égard fatigante, positive autant que menaçante, aussi opportune que risquée.
Imprévisible et contrastée comme un bambin, l’année 2024 pourrait apporter son lot de bonnes surprises car l’enfant est créatif et aime faire plaisir, donner sans aucune intention de retour. Le Bois est généreux dans sa sève car il est fait pour produire (des graines, des feuilles, des fleurs, des fruits, des parfums, de l'encens, des racines, de l'oxygène, des planches...), souvent pour le meilleur et parfois pour le moins bon. Dans son exceptionnelle envie de vivre et d'essayer, le Bois est fait pour pousser et créer, il ne sait pas ne pas agir. L’herbe coupée repousse systématiquement, voilà l’énergie du Bois. Pulsion de vie, il cherchera à exister, en bien ou en mal. Quel qu’en soit le prix, la racine parvient à écarter les pierres du muret.
Nourrie par cette irrépressible force de vie, on comprend que de nombreux événements inattendus et surprenants devraient émailler l’actualité, tantôt de manière positive, tantôt de manière plus triste ou dramatique. Le FOMO (Fear Of Missing Out) devrait encore se renforcer cette année et notre nez devrait rester collé plus souvent encore à nos smartphones.
Dans sa manifestation déplaisante, le Bois ne sait pas attendre et a du mal à gérer ses émotions (comme un enfant). Souvent jaloux (de l’affection que sa mère par exemple porte à ses frères ou à ses sœurs), il aime la liberté (du vent) et jouer à sa guise. C’est ainsi qu’il peut se mettre en colère en cas d’entrave, mélange d’impatience et de frustration, de ne pas exister, de ne pas être écouté, d’être freiné ou ralenti, de ne pas être le centre du monde. 2024 va trépigner et nombreuses seront les sautes d’humeur, les erreurs de communication (familiarités, gaffes et bourdes…) ainsi que les abus de biens sociaux (l’enfant qui s’approprie les jouets des autres). La zénitude n’est pas le point fort du Bois qui peut frapper autant qu’il embrasse, la branche peut porter les fruits autant qu'assommer ou fouetter le randonneur imprudent. Poussé à l’excès, le Bois ne sait pas qui il est et retourne sa formidable énergie contre lui-même (jeu, drogue, sexe, échappement par la rêverie excessive, affabulation, insomnie, somnambulisme).
Le Bois et le Dragon dans la société
Dans le monde des grands et des empereurs de Chine, la créativité stratège et ludique du Bois était confiée au général des armées. Le goût pour l’action du Bois, sa capacité d’anticipation (le Bois est associé à la vision que l’on pourrait avoir au sommet d’un arbre) et de planification (les cernes du Bois) rendait l’homme de guerre particulièrement efficace. De manière concrète et en Bois dur, une année Dragon de Bois pourrait être vue comme un bon présage par les dirigeants Chinois pour intensifier la pression sur Taïwan voire démarrer l’agression sur cette île, qui n’est pourtant chinoise que depuis l’arrivée de Tchang Kaï Chek en 1949.
Comme en 1964, 2024 devrait être une année de grands mouvements de troupes, les militaires devraient occuper l’espace médiatique. 2024 devrait être l’occasion de découvrir ses muscles, ses tendons et ses griffes (les ongles sont associés au Bois en médecine classique chinoise), de montrer sa force à l’image de la première bombe atomique chinoise, testée en 1964, dernière année du Dragon de Bois. Si le vert est la couleur du Bois, ce devrait être en 2024 un vert à dominante kaki. Les attentats, les coups d’états et revendications frontalières ou d’autonomie devraient s’exacerber (Le Vénézuela au Guyana, les missiles balistiques de la Corée du Nord, l'Ukraine, le Moyen-Orient...) ; l’enfant veut affirmer son territoire et son identité, devenir libre et indépendant (comme le Dragon céleste), il veut exister, garder son jouet ou le chiper à son voisin. 2024 est une année 8 (2+2+4) qui appelle à occuper l'ensemble du territoire (les 4 directions cardinales divisées par 2). Les discours pourraient devenir plus martiaux, les régimes se durcir, les démocraties se "démocraturiser" encore davantage. Plus de la moitié de la population mondiale dans 70 pays va être appelée aux urnes. Une excellente occasion pour faire bouger les lignes dont le Bois raffole ; créer du chaos pour... créer.
Cette atmosphère belligène pourrait s’exprimer également dans le monde des affaires avec un net renforcement de la compétition, soit par des ruptures technologiques qui donnent le leadership à un acteur dominant (IA…), soit par des OPA hostiles ou des acquisitions violentes, un protectionnisme croissant (droits de douane et taxes aux frontières, accès aux métaux rares…). Dans cette atmosphère virile de domination, de posséder ou de devenir le plus grand arbre de la forêt, des opérations de boycott sont possibles (la Chine avec les terres rares, les Américains avec les semi-conducteurs...). Des scandales de corruption et d'enrichissement douteux (comment en 1964 avec l'affaire Bobby Baker sous le président américain Johnson) pourraient faire le succès des gazettes car la racine ou la branche du Bois a du mal à distinguer la frontière, savoir où s'arrête sa propriété de celle de l'autre. Si le Bois s’apaise, on pourrait voir au contraire des accords commerciaux se signer comme en 1964 avec les premières signatures du GATT ou la première conférence de l’ONU sur le Commerce et le développement.
Associé à la puissance du Dragon, 2024 fait penser à un enfant qui joue avec le manche d’un avion de ligne ou avec un fusil. Tout est possible, du plus attendrissant au potentiellement le plus dangereux. On ressent que le Bois de 2024 a envie de faire bouger les murs porteurs, de pousser (souffler) encore plus loin la période du profond changement que nous traversons depuis 2020 (l'année du Rat de Métal qui a démarré le cycle des 12 animaux du zodiaque chinois) et dans la direction du « Plus rien ne sera comme avant ». Le Bois de 2024 vient pour bousculer et faire bouger (les habitudes, les croyances, les environnements, les cultures, les peuples, les frontières...), parfois avec de bonnes surprises (inventions et ruptures technologiques, découvertes scientifiques…) et parfois avec des pertes (conflits frontaliers, agressions...).
Le vent de 2024 est propice à ce qui circule, aux déplacements, aux déménagements, aux migrations (on devrait en parler plus encore cette année) et aux voyages. A titre illustratif, on se souvient du démarrage du chantier pharaonique d'Abou Simbel en 1964 pour déplacer les temples en aval du site originel (faisant suite à la construction du barrage d'Assouan).
Le vent est le vecteur climatique du Bois, l'énergie virevoltante qui essaime mais qui peut également tourbillonner et se perdre ou bien devenir agressive si elle n’est pas canalisée. Cette énergie du vent sera renforcée cette année par le Dragon, animal céleste par essence. Parce que le vent du Bois s'ajoute à l'air du Dragon céleste (Tian Long), 2024 devrait être une année « ébouriffante », une année tornade. Le vent du Bois essaime les graines et fertilise mais peut également détruire lorsqu’il se met à tourner sur lui-même, à l’image d’une tornade ou d'une trombe. L'année 1964 (dernière année du Dragon de Bois) a ainsi vu des tornades et des ouragans particulièrement dévastateurs aux États-Unis (Isbell, Hilda...), au Bengladesh (7 villages rayés de la carte), en Sicile comme en France (Sains en Amienois). Dans cet esprit éolien, il est troublant de constater que cette année 1964 a été l'année de la sortie du film japonais : "La grande tornade". Cette manifestation destructrice du vent devra être particulièrement scrutée et anticipée cette année.
Prince des nuages, le Dragon est le maître du climat, des cours d'eau, des pluies et des sources. Avec le vent, le dérèglement (en excès ou en insuffisance) de l'Eau sera encore un élément à suivre en 2024.
Comme en 1964 qui a vu naître (par la loi) l'Office National des Forêts (ONF), l'actualité devrait fréquemment revenir sur les forêts, le bois et le végétal.
Le Bois étant associé au sens de la vue, il est probable que les écrans trouvent une place particulière dans l’actualité (jeux vidéo, metavers, innovations optiques, télescope…). Il est surprenant de constater que l’écran à plasma a été inventé en… 1964 et que des découvertes majeures ont été réalisées cette année-là dans le domaine de l’imagerie par résonance magnétique.
Dans le cycle du retour à l'équilibre, le Bois est généralement tempéré par le Métal qui lui apporte la noblesse de certaines valeurs comme la justice, la loyauté, le sens des responsabilités, le service à l’autre, l’idéal blanc de la perfection et de l'harmonie. Aux côtés des dirigeants du monde, il sera important que de tels chevaliers blancs apaisent Mars et Bellone ainsi que les maîtres de guerre. En cas de crise, il sera important de se référer aux valeurs du Métal pour tempérer les ardeurs bellicistes de certains dirigeants du monde.
On le redit, ami de l’air et du vent, tout est possible dans une année de Dragon de Bois. Ciel de contrastes, il est probable que l’on voie apparaître de grands arbres majestueux et sages (inventions et innovations de ruptures, découvertes, discours de paix...) comme le vent changeant et capricieux du printemps ou de la tornade. L'enfant de 2024 pourra être de temps en temps un charmant minot inventif et aimant, capable de se transformer dans l'instant qui suit en un garnement agressif, fanfaron et destructeur.
Le Dragon et le Bois sur un plan plus individuel
A titre plus individuel, le Dragon (vert) dans la tradition alchimique réside dans le Foie (associé à l'énergie du Bois). Il est l'animal mythique qui cherche à s'envoler et à exprimer son plein potentiel, à découvrir son identité véritable et à oser répondre à l'appel de soi. Dans cette quête de sa nature véritable (sa "nature céleste" aurait dit Tchouang Tseu), le Dragon s'agite et ose, tente de rejoindre le "vouloir du Ciel" (Tian Zhi) en dépassant ou en s'affranchissant notamment de ce qui l'entrave (les conventions sociales, les mémoires familiales, les habitudes, le regard de l'autre...), dans une démarche que la tradition appelle "dompter le Tigre", généralement blanc. Le film "Tigre et Dragon" de Ang Lee, sorti en 2000, fait implicitement référence à cette dualité intérieure. Cette quête du souci de se connaître et d'exister fondera une bonne partie de l'énergétique de 2024, pour les peuples ou pour soi.
Dans cette quête xylophile de la connaissance de soi, le Bois aime ramener des messages des plans subtils via les 3 âmes célestes qui résident dans le Foie, des informations qui « viennent d’ailleurs ». 2024 est à ce titre une belle occasion d'être davantage sensible aux messages adressés par nos rêves et pourquoi pas, expérimenter le rêve lucide.
Sur le plan individuel ou collectif, imaginer et créer, anticiper et se projeter, planifier et oser, tempérer parfois, seront des verbes clés pour 2024. Les valeurs du Métal permettront d'en limiter les travers ou les excès : se raccrocher à ses idéaux, convoquer son sens des responsabilités voire du sacrifice, partager, penser au bien commun au-delà de sa petite personne.
L’année sera propice à l'action, fertile et agitée, porteuse pour les audacieux qui n'ont pas froid... aux yeux, à ceux qui sauront s’ancrer dans la réalité et ne pas se perdre dans le vent du rêve ou du doute. 2024 sera l'année de ceux qui osent et du lancement des projets. Elle appelle à l’adaptabilité et à se préparer à… tout. Elle est une invitation pour apprendre à résister à la fanfaronnade en cas de succès, à prendre son temps (avant de parler pour éviter les bourdes) et éviter la précipitation ou l'agitation, à s'éloigner de l'entêtement du bois dur et de l'esprit de compétition, à prioriser ses projets pour ne pas se disperser.
Si la colère, la frustration ou l’impatience seront dominantes (montée de sève), les émotions de manière générale seront soumises à rude épreuve et 2024 sera une formidable occasion d’apprendre à les canaliser, notamment par la visualisation (le sens associé au Bois est la vue) ou par la respiration (cohérence cardiaque, respiration par l'abdomen...) puisque le Métal des Poumons contrôle la frénésie du Bois.
En résumé, l'année ligneuse qui vient sera constituée des surprises de l’enfant farceur à qui il peut arriver de faire de mauvaises blagues et qui s’étonne lui-même des conséquences de ses actes.
Vous êtes prévenus, 2024 est un magasin de farces et attrapes !